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"Liberation" sobre antología de cuentos

Por 22 de octubre de 2010 Sin comentarios

Iván Thays

Antonio José Ponte, sorprendió en antología
La revista francesa Liberation ha hecho un comentario sobre el libro editado por Gallimard, y prologado por Mario Vargas Llosa, titulado Les Bonnes Nouvelles de l?Amérique latine. Anthologie de la nouvelle latino-américaine contemporaine y antologado por Gustavo Guerrero y Fernando Iwasaki. 
El autor de la nota destaca varios cuentos (entre ellos el mío, Lindbergh, lo cual agradezco) pero se deja sorprender especialmente por dos autores: Juan Gabriel Vásquez y Antonio José Ponte.
Dice la nota:

Adage baroque, sans verbe : le bon, si bref, deux fois bon. Voici une anthologie du bref sur le continent (et ses îles) dit baroque, adjectif que l?usage a usé, sauf dans les églises et la jungle. Les 32 auteurs sont nés après 1960, un par nouvelle et tous dans une langue, l?espagnol. Beaucoup sont également romanciers : on connaît ici le Colombien Juan Gabriel Vasquez, l?Argentin Rodrigo Fresán (dont le Seuil publie le Fond du ciel, qui développe le même univers de mort-vivant télé onirique que la nouvelle ici reproduite, déjà ancienne), les Mexicains Guadalupe Nettel et Ignacio Padilla, les Cubaines Ena Lucia Portela et Karla Suarez. La plupart des autres n?ont jamais été traduits : excellent banc d?essai.
Virtuosité. Mario Vargas Llosa, nouveau Prix Nobel de littérature, a écrit la préface : «Contrairement à ce qui se passait en Europe, en Amérique latine la nouvelle demeura toujours vivante en dépit des difficultés. Bon nombre d?écrivains latino-américains ont construit des mondes originaux et complexes en utilisant exclusivement ou principalement cette écriture resserrée, difficile et rigoureuse de la nouvelle qui, par sa brièveté, sa densité et son perfectionnisme, est plus près de la poésie, voire de la musique, que du roman.» Flattant la virtuosité discrète de cette nouvelle génération, il en profite pour régler leur compte au formalisme et à la littérature engagée qui donnaient le ton dans sa jeunesse. Le dernier qui survit a raison.
La littérature d?Amérique latine s?est largement construite par le texte court : Borges, Onetti, Rulfo, Cortazar, Piñera, Quiroga, Monterroso l?ont chacun réinventé. Vargas Llosa, comme Carpentier et García Márquez, a commencé par en écrire de remarquables. La nouvelle, c?est un quatuor à cordes : non pas une ébauche, ni un squelette de symphonie romanesque, mais une ?uvre en soi, qui concentre dans une forme parfaite les possibilités mélodiques et harmoniques d?un artiste, mélodie de l?individu, harmonies du monde qui l?environne. Il y a des quatuors de jeunesse, de maturité, des musiciens dont c?est l?espace primitif, celui où l?oreille s?exprime le mieux.
Longtemps, ces quatuors ont joué là-bas dans la forêt, au c?ur du désert, dans les champs et le long des fleuves. Ils jouent désormais davantage en ville. Le monde qu?ils donnent à entendre est toujours étouffant politiquement, familialement. Le machisme, l?inceste, la haine dans les familles fleurissent comme au bon vieux temps. Quant à l?amour, il reste la chose la plus belle et la plus invivable.
On trouve des antihéros saisis par l?événement collectif. Dans le Loup-garou du boulevard, le Vénézuélien Pedro Carmona suit un homme qui traverse la ville pour commencer un boulot d?employé dans une boutique d?électroménager tenu par un Portugais : «Le Portugais a passé quelques coups de fil pour se renseigner sur ses commandes, mais il n?a eu personne. Je l?ai regardé pendant un moment. Je peux jurer qu?il avait plus de poils que le matin à mon arrivée. Ses joues étaient en train de se couvrir de poils [?] Quel type, ce Portugais, et malgré tout ça il était capable de se prendre un café.» «Tout ça» : cette pilosité croissant pendant le coup d?Etat manqué contre Hugo Chávez, le 11 avril 2002. Que l?employé décrit comme Fabrice à Waterloo, sans savoir et sans comprendre. On vit tellement mieux ce qu?on ne comprend pas.
Même processus à l??uvre dans Lindbergh, du Péruvien Ivan Thays (récit de l?enlèvement d?un enfant par son père, une célébrité télévisuelle qui se compare à l?aviateur Charles Lindbergh), ou dans la Nuit de Morgana, du Péruvien Jorge Eduardo Benavides : une jeune femme marche dans la nuit de Lima vidée par un couvre-feu militaire, poursuivie par les pas d?un homme.
A Cuba, l?événement peut être naturel. Dans Ouragan, d?Ena Lucia Portela, c?est le redoutable ouragan Michelle (2001) qui emballe la vie d?une jeune Havanaise. Un frère est mort assassiné à Miami, l?autre veut croire en Dieu dans un pays qui ne croit en rien. Elle prend une vieille camionnette et roule dans La Havane pour disparaître pendant la tempête : «J?étais comme un fantôme parcourant une ville fantôme. Pour la première fois depuis des années, je me sentais heureuse.» Dans l?ouragan, il est une île dont on ne peut sortir. L?homme latino-américain reste arrosé par la violence du climat politique. Désormais, il promène en ville, comme un cow-boy sans horizon, sa silhouette errante et solitaire.
Rio Bravo. D?autres nouvelles sont efficacement réalistes : la Vitrine aux rêves, du Mexicain Eduardo Antonio Parra, dévoile la conscience d?un homme qui regarde par-dessus le Rio Bravo et rêve de passer la frontière pour rejoindre les Etats-Unis, où son père a disparu. Il y a du réalisme fantastique (Chair, du Cubain Ronaldo Menendez), de l?exercice de style néo-borgésien (les Antipodes et le Siècle, du Mexicain Ignacio Padilla), de la fantaisie libertine (la Collectionneuse, de Karla Suarez), du récit de bleu au c?ur et à l??uvre (Canapé bleu, de l?Argentine Maria Fasce) ou d?écrivain raté (la Plume de Dumbo, du Mexicain Alvaro Enrigue), bref, de tout ce qui fait qu?une littérature n?est jamais l?effet d?un mouvement ou d?une théorie.
Deux nouvelles, finalement, se détachent : Aéroport, de Juan Gabriel Vasquez, où l?auteur est figurant sur le tournage des Neuf Portes, de Roman Polanski, à Roissy, transformé en Madrid-Barajas. Ce conte amphibie est le tango que dansent fiction et réalité dans la vie de l?auteur, du narrateur, du lecteur et de Polanski.
Le dernier texte du recueil, la Requête d?Ochun, du Cubain Antonio Jose Ponte, est la queue du paon. C?est l?histoire, racontée par son patron, d?un apprenti boucher dans le quartier chinois de La Havane. Il a pour sa femme, une métisse, un amour fou : «Penché sur les yeux de Luminaria Wong, on pouvait deviner une clairière dans les bois et l?un de ses lointains ancêtres dialoguant avec un animal beau comme une apparition. Les yeux de Lumi provenaient de cet animal.» C?est un éléphant. Un jour, pris d?une jalousie folle et sans raison, le boucher enferme sa femme qui s?est cachée sous le bac à lessive (lieu essentiel à Cuba) en scellant des barreaux. Mais Luminaria est fille d?Ochun, puissante déesse sensuelle et patronne de l?île : quand il revient, elle a disparu.
Ligne. Pour apaiser Ochun et retrouver «Lumi», il doit offrir un c?ur d?éléphant. Il le tue dans le zoo de La Havane, ça rate, puis part en Angola, où les Cubains mènent une guerre : «Pour qui voulait voir des éléphants en liberté, nous avions nos guerres d?Afrique.» On y apprendra comment tuer la bête, découper son c?ur et mourir. Le récit fait écho à Comment j?ai tué un éléphant, un texte de George Orwell datant de 1936, état nerveux des lieux coloniaux. Orwell écrit : «J?ignorais alors que, pour abattre un éléphant, il faut viser une ligne imaginaire allant d?un trou de l?oreille à l?autre.» Ponte reprend cette phrase et conclut : «Un animal né pour saccager la forêt doit donner autant de mal que les arbres de la forêt quand on les coupe.» C?est l?amour, une bête lointaine et difficile.

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Iván Thays

Iván Thays es escritor peruano (Lima, 1968) autor de las novelas "El viaje interior" y "La disciplina de la vanidad". Premio Principe Claus 2000. Dirigió el programa literario de TV Vano Oficio por 7 años. Ha sido elegido como uno de los esccritores latinoamericanos más importantes menores de 39 años por el Hay Festival, organizador del Bogotá39. Finalista del Premio Herralde del 2008 con la novela "Un lugar llamado Oreja de perro".

Obras asociadas
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